Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
La sociolinguistique et l'Italie
28 mars 2012

Normalisation et évolution du lexique en Italie

1.Les premiers vocabularii

                      La stabilisation de la norme passe aussi par l’élaboration de dictionnaires qui permettent de fixer l’orthographe et le sens des mots mais aussi de diffuser à plus grande échelle la nouvelle langue commune. Le XVIème et le XVIIème siècles pullulent de ce type de productions mais nous retiendrons surtout la contribution considérable de l’Accademia della Crusca. N’ayant aucun soutien de la part des autorités politiques toscanes, l’Accademia publie son « Vocabulario » (1612) comme le résultat d’un projet collectif mené par un groupe privé d’intellectuels. Leur dictionnaire est le résultat d’un travail de recherche rigoureux et méthodique. Les académiciens s’inspirent des grandes œuvres littéraires et poétiques toscanes et en recensent les mots et leurs significations. Le choix des auteurs consultés est vaste : des plus illustres à ceux les plus mineurs (on les considère dignes d’être consultés pour leur mérite envers la nouvelle langue). Le vocabulario fait aussi preuve de modernité en intégrant des termes florentins de forme dialectale et dans son édition de 1691 on y trouve la voix « V.A : voce antica » ce qui prouve qu'à la fois les auteurs antiques et ceux les plus récents sont pris en compte. La lexicographie de la langue italienne est donc celle des poètes, des hommes de lettres et parfois de science. Même si l’Accademia della Crusca fait preuve d’autorité dans le domaine, il existe quelques opposants à son projet. C’est le cas de Paolo Beni, auteur de « Anticrusca » (1612) qui estime que la langue italienne est un patrimoine commun qui touche autant la langue parlée que les autres dialectes et prononciations. Son œuvre reste mal connue à l’époque. Avant elle Niccolò Liburnio publie en 1526 le « tre fontane », le premier dictionnaire unilingue divisé en fonction des parties du discours et inspiré uniquement des trois poètes Dante, Pétrarque et Boccace. Jusqu’à présent dans l’histoire linguistique de l’italien nous remarquons que le peuple n’a jamais été consulté, la langue orale (encore divisée) ne servira pas de base pour les recherches lexicographiques de l’époque. Cela est sans doute l’une des principales raisons de l’impopularité de l’italien pendant des siècles.

 

2.sous l’époque fasciste: voir l'article plus bas 

                        

3.Néologismes et emprunts

                 Il est intéressant de constater que le fascisme n’a pas totalement changé les mentalités italiennes car l’on trouve aujourd’hui de de nombreux mots étrangers (majoritairement anglophones) qui ont fait leur entrée dans la langue courante, principalement dans le domaine des affaires (business, trader, marketing, team, leader etc.) ou de l’informatique (computer, software, display, mouse, network etc.). Aujourd’hui l’Italie qui a une orientation politique européenne et internationale accueille des mots d’origine d’étrangère dans son lexique. Au contraire de la France qui trouve souvent le moyen de traduire ou de remplacer les exotismes et dont la langue est défendue et promue par de nombreuses associations et organisations, l’Italie s’ouvre nettement plus aux nouvelles acquisitions et emprunts. Les italiens sont d’ailleurs très moqueurs envers les locuteurs français qui ont traduit les mots ordinateur, logiciel, courriel, baladeur etc. Il me semble qu’aujourd’hui, après les années de répression fasciste et grâce à l’ouverture politique, économique et culturelle sur le monde et au phénomène de l’immigration, l’Italie prend enfin conscience de son pluri-linguisme (malgré certains phénomènes de diglossie). Cela se voit par les nombreux emprunts mais aussi par l’adoption de mots dialectaux dans le langage courant et dans le domaine artistique. En littérature (et en cinéma) l’un des plus engagé fut Pasolini qui revendiqua la dignité linguistique et historique du dialecte (à lire les romans Ragazzi vita, Una vità violente ou Alidagli occhi azzurro ou à voir les films Accatone ou Mamma Roma). Au cinéma on peut aussi citer les célèbres acteurs Alberto Sordi, Totò ou Anna Magnani qui jouent en dialecte. Il en va de même dans la production musicale ; de très nombreux chanteurs nationalement reconnus écrivent aussi dans leur dialecte (F. de Andrè en génois, P. Daniele en napolitain,  F. Battiato en sicilien ou G. Ferri en romain. Je vous encourage à les écouter sur Internet.).

Publicité
Publicité
Commentaires
La sociolinguistique et l'Italie
  • Passionnée par la sociolinguistique, j'ai créé ce blog pour partager des informations et discuter des politiques linguistiques en Italie.Votre contribution est la bienvenue! Sabira Kakouch PS: il est recommandé de citer les réfèrences de ce site (merci!)
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Archives
Publicité