Internet et les langues minoritaires
Internet et les NTIC peuvent avoir plusieurs effets sur les langues minoritaires. Une langue minoritaire est une langue parlée par une minorité linguistique. Différents problèmes se présentent quant à sa possibilité de trouver sa place sur internet.
I. Les langues minoritaires et le système écrit:
1) L'un des problèmes majeur concerne le système écrit, car en effet beaucoup de langues minoritaires n'ont souvent qu'une existence orale, (c'est le cas du bété parlé au sud est de
la Cote
d'Ivoire, de l'artchi parlé au Daguestan ou le caac parlé en Nouvelle Calédonie). Il sera donc difficile de créer une page internet dans ces langues puisqu'il n'existe pas de transcription écrite. Les cultures qui ne produisent pas de texte et qui fonctionnent grâce au système de l'oralité sont souvent marginalisées par internet. Nous pouvons donc constater une hiérarchisation des langues selon leur nombre de locuteurs mais aussi selon leur moyen d'expression. Les langues orales ne semblent pas avoir le même poids que les langues qui ont aussi un système écrit. Cela vient du fait que la production littéraire joue un rôle essentiel dans le prestige attribué aux langues. De plus, si une langue n'a pas d'écriture, les locuteurs étrangers vont avoir tendance à l'ignorer car il leur semble impossible d'apprendre une langue qui ne connaît pas de système scolaire (manuels, livres, recueils, examens…). Internet contribue dangereusement à la marginalisation voire à la disparition des langues fonctionnant uniquement sur un système oral.
2) En ce qui concerne les différents alphabets du monde, certains logiciels ne reconnaissent pas tous les graphismes. Ce n'est que depuis 2005 que l'alphabet grec fait partie des alphabets de l'Internet. Avant cette révolution, les pages grecques étaient écrites grâce au système alphabétique latin. Toutefois le préfixe http://www et le suffixe .gr resteront en caractères latins. En ce qui concerne les langues minoritaires un grand effort reste à produire! Le site Programme archive du Lacito (lacito.vjf.cnrs.fr/archivage/index_fr.htm) propose 200 documents, principalement des enregistrements sonores et leurs transcriptions de plusieurs langues rares parlées en Afrique, aux Balkans, dans le Caucase, en Océanie, au Népal et en Asie, au Moyen-Orient et en Amérique du Sud. Ce site permet aux internautes de consulter les documents et de s'interroger sur la place accordée à ces langues dans le monde. Mais il s'agir ici surtout de documents sonores, l'écrit n'y pas de grande place.
3) La traduction sur internet, bien qu'elle ne soit que très rarement fiable, est utilisée par un très grand nombre d'internautes. Afin de satisfaire le plus grand nombre Google a récemment intégré de nouvelles langues dans son système; il s'agit du bulgare, du croate, du tchèque, du danois, du finlandais, de l'hindi, du norvégien, du polonais, du roumain et du suédois. Mais si l'on regarde de plus près, un grand nombre de langues ne sont pas connectées entre elles. Par exemple, si l'on veut traduire un texte du suédois au japonais Google passera par l'anglais. Ce qui rend cette traduction aussi peu fiable c'est bien évidement le passage obligé par une troisième langue. La structure syntaxique se perd forcement. Il faut remarquer que Google ne propose pas de traduction concernant les langues minoritaires ou dialectes. On ne trouvera donc pas de traduction pour les langues bretonnes, sardes ou créole. De plus, lorsque Google propose une traduction en arabe ou en chinois il ne précise pas de quelle variante il s'agit (car il peut s'agir de l'arabe classique, marocain, algérien ou égyptien; de même pour le chinois il peut s'agir du mandarin, du cantonais, du xiang…). Là aussi, Google hiérarchise de manière arbitraire et sans précision les langues qu'il propose de traduire.
II. La place et la reconnaissance des langues minoritaires et les NTIC:
1) Google, premier moteur de recherche est consultable en 104 langues ou dialectes. Sur les 6000 langues recensées on remarque que ce moteur de recherche est loin de proposer tout le panorama linguistique planétaire. En ce qui concerne Wikipedia, l'encyclopédie propose des articles rédigés en environ 200 langues et dialectes. Mais comme il s'agit une encyclopédie que les internautes ont le droit de modifier librement, beaucoup de communauté linguistique minoritaire y ont trouvé leur place (on trouve par exemple des articles en breton, en catalan, en latin, en espéranto…). Cela dit, toutes ces langues minoritaires existent dans des pays développés où l'accès aux technologies informatiques est facilité. Il n'en est pas de même dans des pays africains (on ne trouve pas d'article en langue nubienne). Étonnement, si l'on recherche sur Wikipedia l'inventaire des langues, ils n'en proposent que 852, il a donc une sélection des langues selon des critères non indiqués.
2) Si l'on prend comme exemple le logiciel de traitement de texte Word, nous pouvons aussi remarquer que certaines langues (minoritaires) ne sont pas prises en compte par le dictionnaire (c'est le cas des langues citées plus haut: le bété, l'artchi ou le caac). Pourtant dans les outils linguistiques de Word on peut choisir d'écrire dans une langue selon sa variante (il est possible d'écrire en anglais du Canada, des États-Unis, des Caraïbes ou de l'Inde). Ce logiciel reconnaît aussi certaines langues plus rares comme le basque, le cherokee, le divehi, le féroïen ou le fulfulde. A la différence de Google qui ne prend pas en compte les variantes géographiques des langues, Word semble être plus adapté à ce sujet.
3) On entend souvent dire qu'internet permet de trouver "tout et n'importe quoi".J'ai donc fait le teste de trouver un cours de langue bété sur internet.
Si je fais ma recherche sur Google, le moteur de recherche me propose:
Essayez avec cette orthographe : cours de bébé ,
La même recherche sur Yahoo me propose toute sorte de site comprenant les mots cours et bête :
la Chine
la Pizzica